- Rédaction
- 26 nov. 2024
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Claudio Capeo : "Ce qui est arrivé à Kendji aurait pu m'arriver aussi"
Nous avons parlé chanson et dépression avec Claudio Capéo.

La dernière fois qu’on a échangé, c’était il y a 4 ans. Comment tu vas depuis ?
Je me sens bien, je n’ai pas arrêté, j’ai travaillé comme un cinglé. J’ai toujours mon groupe, les Capéo, avec moi, on a pris un plaisir dingue à retrouver la scène. 110 dates en un an, c’est plutôt costaud.
À l’époque, vous sortiez un disque en italien qui avait fait sourire tout le monde. Avec le recul, c’était une bonne idée ?
On n’est pas loin du double disque de platine. Les gens du milieu disaient qu’on en vendrait même pas 10 000. Mais ce n’est pas ce qui compte, c’était un besoin personnel, pour remercier mes parents, mes origines, ma prof d’italien. Adolescent, je ne voulais pas être traité de rital… J’étais déjà petit, grande gueule, je faisais de l’accordéon, je cumulais pas mal. Depuis, je me sens plus italien, je parle plus italien.
Tu as beaucoup répété ne jamais vouloir refaire "The Voice" et pourtant, tu étais coach de la dernière saison de Kids…
C’est vrai, je t’avais dit que je ne voulais plus retourner là-bas, que je m’y sentais jugé et je le dis encore aujourd’hui ! C’était horrible pour moi d’être candidat. Je ne me sentais pas chanteur, je ne me sentais pas légitime.
Pourquoi avoir accepté alors ?
Pas pour le cachet en tous cas. Je l’ai fait pour la fierté de mes parents. On a tous fondu en larmes en voyant le fauteuil rouge avec mon nom. Et puis, j’avais envie de voir des gosses chanter, de m’en prendre plein les oreilles, plein le coeur, de les porter comme je porte mes enfants. Et franchement, au début, j’étais mal à l’aise, surtout que je suis hyperactif donc rester assis dans un fauteuil, c’est compliqué. Mais en laissant tomber mes doutes, en étant plus dans les émotions, je me suis senti bien, je n’avais plus envie de sortir de mon siège.
L’ambiance était différente de quand tu avais participé ?
J’aurais eu beaucoup de mal à aller au bout de l’émission si l’entente n’avait pas été bonne. Avoir une équipe de coachs qui se tirent dans les pattes, être entouré de têtes de cons, ça n’aurait pas été possible pour moi.
Tu avais volontairement disparu des plateaux depuis plusieurs mois. Il te fallait du recul ?
Ça fait un an que je n’ai pas fait de télé. J’adore venir à Paris mais à petites doses. J’ai couru comme un dingue pendant 7 ans et demi avec la peur qu’on m’oublie si je disparaissais quelques semaines, la peur que tout ce boulot ait été fait pour ien. Maintenant j’accepte de m’accorder une pause de 3 mois sans me dire qu’on ne saura plus qui je suis quand je reviendrais.
Tu as confié publiquement avoir fait un burnout. C’est aussi lié à ça ?
Oui, depuis, je fais très attention. Je n’ai rien compris à ce qui m’arrivait, j’ai juste cru que j’allais crever. Quand tu te retrouves étendu au sol sans être capable de te relever, c’est très violent. En Alsace, on ne parle pas tellement de ces choses-là. J’étais toujours dans mon petit salon, ma petite maison, je pensais que ça allait me préserver mais plus ça allait, plus je vivais comme dans une grotte. Je ne voulais plus voir personne, plus parler à personne.
J’ai couru comme un dingue pendant 7 ans et demi avec la peur qu’on m’oublie si je disparaissais quelques semaines
Tu as opéré des changements dans ta façon de vivre depuis ?
L’entourage, déjà. Je ne me ferai plus jamais chier avec des gens qui font du mal autour d’eux, je ne trouve plus d’excuses à la malveillance. Je fais aussi en sorte d’être plus présent à la maison. Je fais du sport, je sors moins, je donne plus. Quand je suis là, on se promène avec le chien en forêt, on fait du vélo. Je veux que mes enfants soient contents de me voir rentrer, pas qu’ils subissent le papaheureux mais fatigué qui passe son temps allongé devant la télé. Je prends plus soin de moi et des miens.
Voir ce qui est arrivé à Kendji Girac, ça a été un choc ou tu t’y attendais ?
Je n’y ai pas cru. Je me suis dit que je perdais mon petit Kendji. Quand on se voit aux Enfoirés, on passe du temps ensemble, on refait le monde… Je lui ai écrit un message qui n’appelait pas de réponse, je veux juste son bien. Il faut qu’il fasse attention lui. Tu sais, ça va vite dans ce milieu. Et honnêtement, ça aurait pu m’arriver aussi. On est deux tarés. Dans un coup de folie, tu pètes les plombs, tu peux être capable de rouler trop vite en voiture, de faire des trucs débiles. Mais il est solide, il va se remettre, c’est un bon gars.
Tu penses toujours que la meilleure période de ta vie c’est quand vous chantiez dans le métro ?
C’était magnifique et ça nous a rendu tellement plus fort. C’est aussi l’époque des bistros, où on était payé à la saucisse ou aux spaghettis. Je me suis demandé quand j’ai été au plus mal ce que je pourrais faire à la place. Je pensais devoir arrêter mais en fait je ne me vois pas vivre sans la musique, sans la scène, même si ça doit être en petite salle. J’espère ne pas retourner dans le métro mais je n’ai pas besoin d’être sur-médiatisé.




