- Rédaction
 - 22 oct.
 - 4 min de lecture
 
Odessa Young : "J’ai une relation obsessionnelle au travail de Springsteen"
L’actrice apparue dans la série The Staircase est le visage féminin du film Springsteen : Deliver me from nowhere, en salle le 22 octobre. L’Australienne de 27 ans incarne un personnage qui condense plusieurs femmes de la vie du chanteur. Rencontre avec un électron libre.
Par la Rédaction

MULTI. Bonjour Odessa.
Odessa Young. Bonjour ! Comment ça va ? (en français) Je vous préviens, c’est tout ce que j’ai !
Où avez-vous appris à parler français comme ça ?
À l’école ! Quand j’avais 15 ans, j’ai fait un échange scolaire en France de trois mois. Je pensais atterrir à Paris, vivre la grande vie, j’ai débarqué dans une petite ville du Centre de la France. J’étais devenue bilingue, mais vous savez, avec le temps et en rentrant chez soi, on perd tout aussitôt.
Justement, où est-ce, chez vous ?
J’ai grandi à Sydney, en Australie, c’est une ville incroyable qui me manque beaucoup.
Quel genre d’enfant étiez-vous ?
Précoce. J’ai grandi enfant unique jusqu’à mes dix ans, et je me considérais comme une adulte parmi les adultes. J’étais l’enfant bizarre du groupe. Je voulais être ambulancière, make up artist, je voulais tout faire, tout devenir. Et c’est ce que je fais aujourd’hui, j’incarne des personnages de tous horizons !
"Enfant, je voulais être ambulancière, make up artist ... je voulais tout faire. Et c’est ce que je fais aujourd’hui."
J’ai lu que vous aviez grandi dans une famille d’artistes. C’est vrai ?
Oui ! Mes parents étaient tous deux très créatifs. J’ai hérité ça d’eux. J’avais beaucoup d’imagination, je faisais beaucoup le pitre en public. Une de mes cousines avait presque le même âge que moi, mais une personnalité très différente, elle me rappelle souvent que j’allais la chercher à l’école déguisée alors que ce n’était pas du tout Halloween. On peut dire que j’étais une artiste de performance ! Très en avance sur son temps.
Et pour une audience non consentante !
Oui !
Quel est votre premier souvenir de cinéma ?
Les films Disney en VHS. Et j’ai été très marquée par Dark Crystal (1983, réalisé par Jim Henson et Frank Oz, ndlr) je me souviens l’avoir regardé et m’être dit : mais qu’est-ce que je viens de vivre ? C’était un vrai tournant.
Donc vous saviez très tôt que vous vouliez devenir actrice ?
Je crois oui. Même si c’est venu par étapes. Comme j’ai commencé très jeune, je me suis longtemps demandé si c’était vraiment ma voie. C’est en faisant ce métier que j’ai compris que je voulais vraiment le faire, que ce n’était pas seulement un moyen fun d’échapper à l’école.
"les membres de ma famille se battent souvent pour savoir qui est le plus grand fan de springsteen."
On se parle pour un biopic sur Springsteen, alors parlons musique : qu’est-ce que vous écoutez ?
Tout ! J’ai cette playlist remplie d’artistes très différents qui tournent en boucle dans mon téléphone. J’adore The innocence Mission, un groupe de folk pennsylvanien, c’est très beau ce qu’ils font. Récemment, j’ai énormément écouté les albums People Watching de Sam Fender et Headlights de Alex G. Je n’écoute que ça en ce moment. Et il y a évidemment les classiques de Springsteen qui viennent se mêler à tout ça.
C’est parce qu’on est là pour la promo d’un film sur lui que vous dites ça ou vous l’écoutiez vraiment avant le tournage ?
J’ai une relation assez obsessionnelle à son travail. Tous les membres de ma famille l'adorent et se battent souvent pour savoir qui est son plus grand fan. J’ai grandi en l’écoutant malgré moi et c’est quand je suis venue en France pour mon voyage étudiant que je l’ai découvert autrement.
Je me sentais vraiment seule, j’avais quitté mon pays chaud pour aller dans une ville froide du centre de la France en plein hiver, je ne connaissais ni la langue, ni la culture et je cherchais quelque chose qui puisse me réconforter. Pour la première fois de ma vie, j’ai choisi d’écouter Springsteen, sans qu’il me soit imposé par un membre de ma famille. Et c’est là qu’a débuté ma relation avec sa musique. J’ai compris ce qu’il pouvait provoquer chez les gens.
"c'est en france que j'ai vraiment découvert bruce springsteen"

Vous aviez un album, un titre en particulier que vous écoutiez à ce moment-là ?
L’album Darkness on the Edge of Town. Je l’ai écouté de bout en bout, en boucle, à essayer de comprendre les liens entre les morceaux, le vrai sens des paroles. Je me souviens avoir mis Drive All night sur repeat alors qu’on partait en voiture quelque part. Le truc avec la musique de Bruce, c'est qu'il retranscrit l’ambiance américaine si efficacement que même dans la campagne française, je pouvais regarder par la fenêtre et ressentir cette fibre américaine. Je me sentais chez moi.
Ça a du être un choc d’apprendre que vous alliez jouer dans un film sur sa vie…
Oh ce n’étais pas joli à voir ! (elle rit) J’ai pleuré, beaucoup, il m’a fallu un moment pour comprendre ce qui m’arrivait.
Votre personnage, Faye, est une invention, un mélange de plusieurs femmes que Bruce Springsteen a eu dans sa vie. Comment vous l’avez pensé ?
J’avais eu quelques indices en lisant le livre de Warren (Zanes, qui a inspiré le film, ndlr), il y a des mentions de ces femmes qui l’entouraient à l’époque. Dans ses Mémoires, Bruce parle de ses amours de façon très pudique, respectueuse et sans détails, mais il a dit à Scott (Cooper, le réalisateur, ndlr) ce que Faye devait représenter. Donc j’avais un sentiment général, et j’ai complété les blancs avec l’ambiance, les costumes, les lieux, les personnages…
Deliver me from nowhere, en salle.




